Cest une phrase très complexe et longue, cest seulement au terme de cette phrase quOdette apparaît. Cette arrivée retardée va permettre de développer le point de vue de Swann. rappelées à plusieurs reprises dans Un amour de Swann, par exemple encore pp. 171 et 173. Et puis ce propos Maintenant quaprès cette oscillation, Odette était naturellement revenue à la place doù la jalousie de Swann lavait un moment écartée, dans langle où il la trouvait charmante, il se la figurait pleine de tendresse, avec un regard de consentement, si jolie ainsi, quil ne pouvait sempêcher davancer les lèvres vers elle comme si elle avait été là et quil eût pu lembrasser ; et il lui gardait de ce regard enchanteur et bon autant de reconnaissance que si elle venait de lavoir réellement et si ce neût pas été seulement son imagination qui venait de le peindre pour donner satisfaction à son désir. Comme il avait dû lui faire de la peine! Certes il trouvait des raisons valables à son ressentiment contre elle, mais elles nauraient pas suffi à le lui faire éprouver sil ne lavait pas autant aimée. Navait-il pas eu des griefs aussi graves contre dautres femmes, auxquelles il eût néanmoins volontiers rendu service aujourdhui, étant contre elles sans colère parce quil ne les aimait plus? Sil devait jamais un jour se trouver dans le même état dindifférence vis-à-vis dOdette, il comprendrait que cétait sa jalousie seule qui lui avait fait trouver quelque chose datroce, dimpardonnable, à ce désir, au fond si naturel, provenant dun peu denfantillage et aussi dune certaine délicatesse dâme, de pouvoir à son tour, puisquune occasion sen présentait, rendre des politesses aux Verdurin, jouer à la maîtresse de maison. Mais non, mon petit, pas de catleyas ce soir, tu vois bien que je suis souffrante! Mais la princesse voyant que M. De Froberville continuait à regarder M me de Cambremer, ajouta moitié par méchanceté pour celle-ci, moitié par amabilité pour le général : Pas agréable pour son mari! je regrette de ne pas la connaître puisquelle vous tient à cœur, je vous aurais présenté, dit la princesse qui probablement nen aurait rien fait si elle avait connu la jeune femme. Je vais être obligée de vous dire bonsoir, parce que cest la fête dune amie à qui je dois aller la souhaiter, dit-elle dun ton modeste et vrai, réduisant la réunion mondaine à laquelle elle se rendait à la simplicité dune cérémonie ennuyeuse, mais où il était obligatoire et touchant daller. Dailleurs je dois y retrouver Basin qui, pendant que jétais ici, est allé voir ces amis que vous connaissez, je crois, qui ont un nom de pont, les Iéna. Mais au fur et à mesure que les camarades avaient pris plus de place dans la vie de Mme Verdurin, les ennuyeux, les réprouvés, ce fut tout ce qui retenait les amis loin delle, ce qui les empêchait quelquefois dêtre libres, ce fut la mère de lun, la profession de lautre, la maison de campagne ou la mauvaise santé dun troisième. Si le docteur Cottard croyait devoir partir en sortant de table pour retourner auprès dun malade en danger : Qui sait, lui disait Mme Verdurin, cela lui fera peut-être beaucoup plus de bien que vous nalliez pas le déranger ce soir ; il passera une bonne nuit sans vous ; demain matin vous irez de bonne heure et vous le trouverez guéri. Dès le commencement de décembre, elle était malade à la pensée que les fidèles lâcheraient pour le jour de noël et le 1er janvier. La tante du pianiste exigeait quil vînt dîner ce jour-là en famille chez sa mère à elle : Proust ma toujours un peu intrigué, notamment à cause des critiques de son écriture. Je me suis dit quil fallait que je lise A la recherche du temps perdu parce que ça semblait proche du style décriture de Zola, que japprécie beaucoup. Cette année, je me suis lancée en littérature, sur notre thème Littérature et musique, et jai choisi cette oeuvre en me disant que ça me forcerait à le lire et enfin avoir un avis dessus. il revoyait le visage signe de figurer dans la Vie de Moïse À lépoque où la rencontre dans le salon, cest une cocotte quon appelle Odette de Crécy. Leur fréquentation puis leur mariage choque les bourgeois de Combray, qui ne peuvent comprendre un mariage avec une personne dun autre échelon social. Lhistoire de lamour de Swann pour Odette constitue le chapitre, dans. Il sagit dun amour passion, à limage de celui quentretenait le narrateur de Combray avec sa mère. Swann maintient Odette dans une prison imaginaire et souffre beaucoup lorsquelle en sort notamment lors de ses nombreuses escapades avec le clan Verdurin. Aveuglé par son amour pour elle, Swann ne voit pas quOdette est une femme facile, et il met longtemps avant de lui demander ses faveurs, utilisant alors lexpression faire pour faire lamour. Il la demande en mariage lorsquil ne laime plus, mais elle le trompe peut-être, avec certains de ses nombreux anciens amants. Se termine par la phrase célèbre: Dire que jai gâché des années de ma vie, que jai voulu mourir, que jai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui nétait pas mon genre! Vous, Docteur, un savant, un esprit fort, vous venez naturellement le Vendredi saint comme un autre jour? dit-elle à Cottard la première année, dun ton assuré comme si elle ne pouvait douter de la réponse. Mais elle tremblait en attendant quil leût prononcée, car sil nétait pas venu, elle risquait de se trouver seule. Mais ils se turent ; sous lagitation des trémolos de violon qui la protégeaient de leur tenue frémissante à deux octaves de là et comme dans un pays de montagne, derrière limmobilité apparente et vertigineuse dune cascade, on aperçoit, deux cents pieds plus bas, la forme minuscule dune promeneuse la petite phrase venait dapparaître, lointaine, gracieuse, protégée par le long déferlement du rideau transparent, incessant et sonore. Et Swann en son cœur, sadressa à elle comme à une confidente de son amour, comme à une amie dOdette qui devrait bien lui dire de ne pas faire attention à ce Forcheville.-Ah! Mais Cambremer, cest un nom authentique et ancien, dit le général. de Swann à légard du pianiste. Dans les brouillons du Contre Sainte-Beuve, on trouve cette phrase : Quand il y a Mais ces paroles, en pénétrant dans les ondes du sommeil où Swann était plongé, nétaient arrivées jusquà sa conscience quen subissant cette déviation qui fait quau fond de leau un rayon paraît un soleil, de même quun moment auparavant le bruit de la sonnette, prenant au fond de ces abîmes une sonorité de tocsin, avait enfanté lépisode de lincendie. Cependant le décor quil avait sous les yeux vola en poussière, il ouvrit les yeux, entendit une dernière fois le bruit dune des vagues de la mer qui séloignait. Il toucha sa joue. Elle était sèche. Et pourtant il se rappelait la sensation de leau froide et le goût du sel. Il se leva, shabilla. Il avait fait venir le coiffeur de bonne heure parce quil avait écrit la veille à mon grand-père quil irait dans laprès-midi à Combray, ayant appris que Mme De Cambremer-Mlle Legrandin-devait y passer quelques jours. Associant dans son souvenir au charme de ce jeune visage celui dune campagne où il nétait pas allé depuis si longtemps, ils lui offraient ensemble un attrait qui lavait décidé à quitter enfin Paris pour quelques jours. Gérard Genette, Proust et le langage indirect, dans Figures II, Seuil, 1969.